Espérance de vie en bonne santé – éclairages statistiques des objectifs de la Vivaldi

La Brève n°47 de l’ Institut pour un Développement Durable propose quelques éclairages statistiques sur un des objectifs des plus ambitieux et des plus novateurs du gouvernement Vivaldi : « L’objectif est de réduire, d’ici 2030, de minimum 25% les inégalités de santé entre les personnes les plus favorisées et les moins favorisées en matière d’espérance de vie en bonne santé, de réduire le taux de mortalité évitable de 15%, et de revenir dans le « top 10″ européen en ce qui concerne le nombre d’années de vie en bonne santé, tout en garantissant une très bonne accessibilité et une bonne couverture. » (p.9) Cet objectif est le bienvenu et traduit, espérons le, la volonté de se fixer sur les objectifs de santé publique au moins autant que sur les moyens (en l’occurrence la norme de croissance des soins de santé).

Voici quelques données permettant d’éclairer les objectifs en matière d’espérance de vie en bonne santé (en fait = l’espérance de vie sans limitations sévères de l’activité).

La Belgique est (déjà) dans le top 10 européen pour ce qui est de l’espérance de vie en bonne santé aux âges de 50 (6ième place) et 65 (7ième place), mais à la 11ème place pour ce qui de l’espérance de vie en bonne santé à la naissance. Au vu de ces observations, on ne voit pas très bien où est l’ambition de la Vivaldi dans le positionnement par rapport aux pays de l’Union.

Notons que quel que soit l’indicateur, la Belgique fait nettement moins bien que les deux champions européens, à savoir Malte et la Suède.

Notons encore que les différences d’espérance de vie en bonne santé entre les femmes et les hommes sont relativement modestes, en tout cas moindres qu’en matière d’espérance de vie totale.

Qu’en est-il des évolutions de moyen terme en Belgique ? Après des progrès notables entre 2005 et 2012, l’espérance de vie en bonne santé estimée en années a tendance à reculer à la naissance et à se stabiliser aux âges de 50 et 65 ans.

Mais le principal défi est celui de réduire les inégalités en matière d’espérance de vie en bonne santé suivant le niveau éducationnel. Et ici les rares données disponibles donnent le tournis.

Quelques observations majeures :

  • l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé ont augmenté entre 2001 et 2011 mais de manière variable entre les hommes et les femmes et en fonction du niveau éducationnel ; une exception : l’espérance de vie en bonne santé pour les femmes d’un niveau éducationnel faible a reculé entre 2001 et 2011 ; par ailleurs, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté très significativement pour les hommes d’un niveau éducationnel élevé (+4,6 années entre 2001 et 2011!) ;
  • l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé augmentent avec le niveau éducationnel, pour les femmes comme pour les hommes, en 2001 comme en 2011 ; l’écart entre les espérances de vie (en bonne santé) entre les personnes à niveau éducationnel élevé et niveau éducationnel faible augmente entre 2001 et 2011, pour les hommes comme pour les femmes ; une observation qui frappe : la différence d’espérance de vie entre les femmes à niveau éducationnel élevé et celles à niveau éducationnel faible est de 13,4 années en 2011 ! ;
  • les femmes et les hommes de niveau éducationnel élevé n’ont pas seulement une espérance de vie plus grande ; ils passent une proportion plus grande de ces années en bonne santé ; double inégalité donc !

L’objectif du nouveau gouvernement est de réduire les écarts d’au moins 25% d’ici à 2030. Quatre observations ici :

  • il faudra attendre longtemps après 2030, le temps d’avoir le recul statistique nécessaire, pour vérifier si cet objectif aura été atteint ;
  • les estimations de Sciensano reposent sur les données des recensements ; or les procédures mises en place pour combler l’abandon du recensement ne permettent pas nécessairement d’avoir le même niveau et qualité d’informations ;
  • l’objectif est particulièrement ambitieux ; l’espérance de vie (en bonne santé) dépend de multiples facteurs (accès aux soins, recours à la prévention, conditions de vie – travail, logement, exposition aux pollutions… –, hygiène de vie, etc.), dont l’amélioration prendra du temps ;
  • quand bien même cet objectif serait atteint, les inégalités seront probablement toujours supérieures à celles observées en 2001 !

On notera encore qu’il y a, en matière d’espérance de vie (en bonne santé) d’importants écarts régionaux ; illustration particulièrement éclairante : l’écart d’espérance de vie en bonne santé à 50 ans entre les hommes wallons et les hommes flamands est de -4,1 années !

Plus dans la note jointe.

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