Les revenus des belges – 1995/2015 : Quelques surprises

INTRODUCTION
Trois publications statistiques récentes – « Les perspectives économiques régionales 2015-2020 », « Les perspectives de population » et les « Perspectives des ménages » – permettent des analyses originales en matière d’évolution des revenus en Belgique, qui plus est sur une longue période (les vingt dernières années) et pour les trois régions et le Royaume. L’analyse macroéconomique de l’évolution des revenus s’intéresse le plus souvent à la masse globale du revenu disponible. Mais, pour le grand public, l’évolution du revenu disponible moyen par ménage ou par personne est plus parlante. Enfin, une analyse plus subtile, même si imparfaite, de l’évolution du niveau de vie moyen passe par l’évolution du revenu disponible par unité de consommation. Cette dernière approche (l’unité de consommation) permet d’intégrer dans les évolutions le constat que, toutes choses égales par ailleurs, le coût de la vie varie en fonction de la taille et de la composition (adultes et enfants) du ménage.

QUELQUES DONNÉES STRUCTURELLES

Le tableau suivant présente l’évolution du revenu disponible total des 3 régions et du Royaume, aux prix de 2015. La croissance à 20 ans d’écart est significative mais relativement faible – moins de 1% – en terme de croissance annuelle moyenne. La Wallonie – on le voit – est un peu à la traîne.

Les tableaux suivant présentent, sur une schéma identique, les indicateurs suivants :
– revenu disponible par ménage
– revenu disponible par personne
– revenu disponible par unité de consommation.

La croissance du revenu disponible par ménage tourne autour de 0%, avec une croissance un peu plus élevée à Bruxelles.

Le nombre d’habitants ayant évolué moins vite que le nombre de ménages (ce qui implique une baisse tendancielle de la taille moyenne des ménages), le revenu disponible par habitant évolue plus favorablement, à l’exception de Bruxelles où il baisse, les évolutions démographiques y étant de sens opposé à celles des 2 autres régions.

Enfin, tenant compte des évolutions dans la composition des ménages, il ressort que la croissance du revenu disponible par unité de consommation – bon indicateur de l’évolution du niveau de vie – croit moins vite que le revenu disponible par personne en Flandre et en Wallonie et baisse moins à Bruxelles.

LES TENDANCES DE LONG TERME

Quatre observations majeures ressortent des évolutions tendancielles entre 1995 et 2015 :

– Le revenu disponible par tête et le revenu par unité de consommation enregistrent tous les deux un maximum historique en 2008/2009.

– Le recul du revenu disponible (par tête ou par unité de consommation) depuis le début de la crise est particulièrement marqué à Bruxelles.

– Depuis lors, le revenu disponible réel (par tête ou par unité de consommation) n’est pas encore revenu au niveau maximum observé, dans aucune région, même si on observe une (lente) remontée depuis un an ou deux.

– En projetant les évolutions – revenu disponible et démographiques – découlant des récentes Perspectives économiques régionales et Perspectives socio-démographiques, il faudra attendre, pour que le revenu disponible par unité de consommation revienne au niveau d’avant-crise :
    > 2029 à Bruxelles
    > 2021 en Flandre
    > 2018 en Wallonie
    > 2021 au niveau du Royaume.

Deux conclusions :

1. L’analyse macroéconomique ne s’intéresse pas assez, en dehors du marché du travail, au poids des évolutions socio-démographiques. C’est une erreur. En tenir compte permet de calibrer les « performances » en matière de revenus.

2. Ces données et évolutions permettent de mieux comprendre le ressenti de terrain des citoyens et consommateurs.


Plus de détails dans la note jointe.

 

Philippe Defeyt

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