Le vieillissement de la population belge est fréquemment associé à une augmentation des dépenses de santé. C’est en effet le cas, mais encore faut-il bien comprendre les mécaniques à l’œuvre.
La Brève n°53 de l’IDD se penche sur cette question.
S’appuyant sur les données des dépenses de 2002 et 2018 rendues comparables, la principale conclusion de l’analyse est que la dépense de santé moyenne par jour des personnes âgées a augmenté moins que celle des 0-64 ans. C’est ce que montre le tableau suivant : alors que la dépense moyenne, hommes et femmes confondus, a augmenté de 55% pour les 0-64 ans, elle n’a augmenté « que » de 39% pour les 65 ans et +. L’écart d’évolution est plus marqué pour les femmes.
Une autre manière de mettre en évidence cette évolution différenciée est de comparer les courbes des dépenses par âge de 2002 avec celle de 2018. On constate en effet sur le graphique suivant que la courbe des dépenses par âge se tasse au-delà de 65 ans entre 2002 et 2018, particulièrement aux âges avancés.
Ce double constat ne veut évidemment pas dire qu’il ne faut pas s’inquiéter de l’impact du vieillissement sur les dépenses de santé. Mais il ne faut pas confondre la croissance du nombre de personnes d’un tel âge, disons 75 ans, et l’évolution de l’état de santé moyen des personnes de 75 ans ; il faut tenir compte des deux facteurs et isoler les impacts respectifs. En tout état de cause l’état de santé ressenti par les personnes âgées s’est amélioré entre 2001 et 2018 comme le montre le tableau suivant (même s’il faut être prudent pour lier, sans plus, la moindre augmentation des dépenses de santé à l’amélioration de la santé subjective).
Chemin faisant, l’analyse de l’IDD met en évidence deux évolutions intéressantes.
La première c’est que la proportion de jours passés en maison de repos ou en maison de repos et de soins par les 65 ans et + est restée globalement stable entre 2002 et 2008, comme l’indique le tableau suivant ; mais elle baisse pour les 70-94 ans. Exemple de lecture : dans l’ensemble des jours vécus en 2018 par les 85-89 ans, 16,5% des jours l’ont été par des personnes vivant en MR(S) ; c’était 23,8% en 2002.
L’autre évolution c’est la baisse de la proportion de personnes de 65 ans et + qui bénéficient du statut BIM (= bénéficiaires de l’intervention majorée = remboursement plus avantageux des soins de santé) alors que cette proportion augmente pour les 0-64 ans.
Plus dans la note téléchargeable ici.
Philippe Defeyt