Il y a deux périodes d’absentéisme pour raisons de santé :
- la période pendant laquelle c’est l’employeur qui assure le salaire
- la période pendant laquelle c’est la mutuelle qui prend le relais pour verser une indemnité (dite d’incapacité primaire ou d’invalidité).
Cette note de l’IDD s’intéresse aux salarié.e.s du secteur privé indemnisées par une mutuelle tout en disposant d’un contrat de travail.
Les personnes absentes du travail considérées ici le sont pour une des raisons suivantes :
- celles dont la rémunération est assurée par une mutuelle pour maximum un an, à savoir les personnes
- en congé de maternité, d’adoption et de paternité
- éloignées du travail
- en incapacité primaire pour cause de maladie (après la période prise en charge par l’employeur)
- celles en invalidité (plus d’un an de maladie).
Il y a plusieurs raisons pour s’intéresser à l’évolution du nombre de personnes « absentes »Â pour maladie (qu’elles soient ou non indemnisées par une mutuelle) :
- l’impact sur les dépenses de la sécurité sociale
- l’impact sur l’organisation du travail au quotidien
- l’impact sur l’interprétation de diverses statistiques comme, par exemple, la productivité par tête ou le taux d’emploi.
Quelques conclusions majeures de cette Brève de l’IDD :
- en 2019, en moyenne 114.000 salarié.e.s du secteur privé étaient en incapacité primaire et 129.000 en invalidité, soit au total 243.000 personnes (9% de l’ensemble des travailleurs)
- leur nombre a augmenté de 116.000 personnes entre 2005 et 2019, soit une augmentation de 90%
- la proportion de salarié.e.s du secteur privé en incapacité primaire ou en invalidité est passée d’environ 5% à 9% entre 2005 et 2019
- la proportion de femmes concernées est systématiquement plus élevée que celle des hommes et elle augmente proportionnellement plus chez les femmes ; en 2019, plus de 11% des salariées du secteur privé étaient en incapacité primaire ou en invalidité
- à moyen terme c’est surtout la proportion de personnes en invalidité qui a augmenté, ici aussi en particulier chez les femmes
- si on considère les salariées de 50 ans et plus, la proportion d’absentes pour raisons de santé ou assimilées passe de 11% à 18% entre 2005 et 2019
- c’est dans le secteur Santé et social que les taux d’incapacité et les taux d’invalidité sont les plus élevés
- le secteur Santé et social représente en 2019 à lui seul plus de 25% des situations d’incapacité et d’invalidité, alors qu’il représente 16% de l’emploi.
Au total, les femmes sont plus concernées que les hommes (et pas seulement, très loin de là , pour cause de maternité), les personnes âgées plus que les jeunes et certains secteurs plus que d’autres. S’il fallait trouver une représentation en chair et en os de ces statistiques, ce serait une femme, âgée, travaillant dans le secteur Santé et social. La question des conditions de travail trouve ici une illustration éclairante.
Sur base d’hypothèses conservatrices, on peut estimer qu’environ 20% des emplois créés entre 2005 et 2019 l’ont été pour remplacer des travailleurs malades.
Tout indique que ce phénomène a pris de l’ampleur en 2020 et 2021, à la fois par la probable poursuite des tendances mises en évidence ici et par l’irruption de la pandémie. Une fois les données disponibles, il faudra être attentif à voir dans quelle mesure la nécessité de remplacer des travailleurs/travailleuses malades participe à la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs.
Il faut ajouter aux absences considérées ici les absences de plus courte durée (de 7 jours maximum pour les ouvriers/ouvrières et de moins d’un mois pour les employé.e.s) ; une récente étude d’Acerta permet de cerner cette réalité et son évolution récente.
Plus dans la note ici.
Philippe Defeyt