Archive for janvier, 2022

L’insuffisante protection du pouvoir d’achat des salariés

jeudi, janvier 27th, 2022

Garantir l’indexation des salaires bruts est une bonne chose ; mais le débat public devrait s’intéresser un peu plus à l’indexation des salaires nets, dans la mesure où, en cours d’année, les salaires nets augmentent moins que les salaires bruts ; c’est en quelque sorte une « taxe d’inflation ». C’est la raison pour laquelle il est proposé d’harmoniser les modalités d’indexation des salaires et des barèmes fiscaux.

Cette note de l’IDD se penche sur l’évolution du pouvoir d’achat dans le monde réel.

Hors augmentation salariale, l’évolution du pouvoir d’achat dans le monde réel dépend de beaucoup de paramètres : dynamique d’évolution des prix entre deux indexations, écart entre l’évolution de l’indice-santé lissé qui gère les indexations et celle de l’indice des prix à la consommation, dates et modalités d’indexation du salaire brut, adaptation des montants et seuils de l’IPP (précompte professionnel) au début de chaque année ; en outre, les temporalités ne sont pas les mêmes ; en bref : la cohérence n’est pas au rendez-vous.

Sur base de situations concrètes étudiées par l’IDD, on peut conclure que, toutes choses égales par ailleurs,

  • le pouvoir d’achat est érodé en cours d’année en cas d’indexation du salaire brut parce que le barème fiscal n’est indexé qu’une fois l’an ;
  • la hauteur de l’impact négatif de la non indexation du barème fiscal en cours d’année est différent d’une convention collective à l’autre (en fonction des modalités d’indexation et du nombre d’indexations en cours d’année) ;
  • le taux d’indexation appliqué aux montants et seuils fiscaux ne correspond pas nécessairement à l’évolution nominale des salaires en cours d’année, qui est propre à chaque convention collective ;
  • en tout état de cause, entre deux indexations, le pouvoir d’achat est réduit à due concurrence de l’évolution des prix.  

Tenant compte de l’analyse, la meilleure formule serait une harmonisation des modalités d’indexation des salaires et des barèmes fiscaux.

Concrètement, la proposition serait d’indexer les salaires et les barèmes fiscaux chaque semestre, sur base de la même référence, permettant ainsi de limiter l’érosion du niveau de vie ; dans la foulée, le barème fiscal appliqué lors de l’enrôlement serait la moyenne des deux derniers barèmes semestriels.

Une telle proposition rend les choses simples, cohérentes et rapproche les temporalités de toutes les indexations. Dans la foulée, ce mécanisme pourrait servir à l’indexation de diverses dépenses publiques, comme par exemple les subsides régionaux aux secteurs sociaux, les transferts du fédéral vers les régions et communautés, les bourses d’études, etc., etc., mais aussi, bien sûr, des prestations sociales.

Certes, on pourrait penser que tout ceci n’est pas nécessaire, dès lors qu’à terme les différentes indexations sont supposées converger ; outre que ce n’est pas nécessairement garanti, ce qui est le plus important c’est l’évolution du salaire net en cours d’année.

Plus dans la note disponible ici.

Philippe Defeyt

Une mise en perspective des tarifs sociaux – 2015-2022

dimanche, janvier 16th, 2022

Cette note de l’IDD vise à mettre en perspective les évolutions des tarifs sociaux pour l’électricité et le gaz sur la période 2015-2022.

Depuis 2015, les tarifs sociaux – voir graphiques ci-dessous – ont augmenté moins que les prix de l’électricité et du gaz tels que calculés dans l’indice des prix à la consommation (IPC). Mais, en début d’année 2022, on constate que le niveau du tarif social électrique a augmenté de 58% depuis 2015 tandis que le prix du gaz social, pourtant orienté à la hausse depuis fin 2020, est toujours inférieur à la moyenne de 2015.


Mais, in fine, c’est l’évolution du pouvoir d’achat énergétique (combien d’énergie puis-je acheter avec mon revenu ?) qui compte.

Si on pondère les évolutions des tarifs sociaux de l’électricité et du gaz par respectivement les évolutions d’un bas salaire (ici le salaire net correspondant à un salaire brut de 2.000 €/mois) et celles du revenu d’intégration, voici deux observations majeures :

  • l’électricité – au tarif social – est en ce début d’année proportionnellement 21% plus chère pour le bénéficiaire d’un revenu d’intégration qu’en 2015 et 29% plus chère pour un bas salaire ; par rapport au 3ième trimestre 2020, trimestre pendant lequel les prix relatifs sont au plus bas, la hausse est de 37% pour un bénéficiaire du RIS et de 47% pour un bas salaire ;
  • le prix relatif du gaz – au tarif social – est, en ce début de 2022, inférieur d’environ 40% à celui de 2015 ; par rapport au 3ème trimestre 2020, trimestre pendant lequel les prix relatifs sont au plus bas, la hausse est vertigineuse : +71% pour un bénéficiaire du RIS et +84% pour un bas salaire ; c’est évidemment – et c’est compréhensible – cette dernière hausse qui alimente le ressenti.

Sous l’hypothèse (de travail) d’un passage de la TVA à 6%, pour un bénéficiaire du RIS, le tarif social relatif

  • de l’électricité serait début 2022 encore 20% plus cher que celui du 3ème trimestre 2020, période où les prix relatifs sont au plus bas, et 12% plus cher qu’au début 2015 ; en termes relatifs, le prix de l’électricité social reviendrait à son niveau du second trimestre 2020 ;
  • du gaz serait début 2022 encore 50% plus cher que celui du 3ème trimestre 2020, période où les prix relatifs sont au plus bas, mais toujours moins cher qu’au début 2015.

Aux décideurs maintenant de se saisir des résultats de ce genre d’analyses pour calibrer au mieux une réponse socialement efficace et budgétairement efficiente. Mais il est évident que les réponses ne peuvent être identiques pour le gaz et pour l’électricité et que les impacts des hausses varient en fonction de la hauteur des revenus ; il faudra aussi tenir compte de ce que les tarifs sociaux sont appelés à augmenter encore d’ici la mi-2022 au moins, et plus que les bas revenus.

Plus dans la note ici. Les données sont accessibles ici.

A votre disposition.

Philippe Defeyt