Archive for avril, 2019

Le redressement du taux d’emploi en Wallonie – Que penser des déclarations de Willy Borsus ?

lundi, avril 15th, 2019

Voici ce qu’a déclaré le Premier wallon, Willy Borsus, dans Le Soir du samedi 13 avril 2019 : « Prenez le taux d’emploi des 20-64 ans, c’est très, très intéressant. On parle bien du nombre occupées sur cette tranche d’âge. En 2018, ce taux a augmenté de 0,5% pour se situer à 63,7% alors qu’il n’avait progressé que de 0,4% sur les 10 années précédentes dominées par la gestion socialiste. »

L’IDD a examiné d’un peu plus près les tenants et aboutissants de ce constat.

La partie politique de ce constat est, me semble-t-il, le résultat d’une analyse peu rigoureuse, parce qu’elle se base sur des données résultant d’enquêtes (qui doivent inciter à une certaine prudence dans l’interprétation de variations relativement modestes), parce que l’emploi est la résultante de nombreuses influences (principalement : la conjoncture et les politiques économiques), parce que les impacts sur l’emploi de ces facteurs explicatifs se manifestent dans la durée (l’impact s’étale souvent sur plusieurs trimestres voire années), parce que dans la période de 10 ans mentionnée par Borsus il y a la crise qui a débuté en 2008 et, enfin, parce que le gouvernement fédéral met déjà à son compte une partie importante des créations d’emplois (à supposer que cela soit vérifié on ne peut pas revendiquer deux fois les mêmes créations d’emplois ; on peut d’ailleurs commencer à se demander à la lecture de tous ces bulletins de victoire si la conjoncture internationale joue encore un rôle…).

On ne videra pas cette question avec cette Brève mais on peut au moins comprendre un peu mieux  comment a évolué le taux d’emploi des 20-64 ans depuis 2004 en Wallonie.

Le taux d’emploi est effectivement à la hausse au cours des deux dernières années, alors qu’il a plus ou moins stagné au cours des années précédentes, quel que soit l’indicateur retenu. Mais on peut prolonger cette observation par deux considérations :

  1. Le redressement du taux d’emploi des 20-64 ans commence dès 2015.
  2. Il faut rappeler que l’évolution du taux d’emploi est la résultante combinée des évolutions de l’emploi et de la population. Regardons ce qu’il en est des 20-64 ans en Wallonie depuis 2004 :
  • la population des 20-64 ans n’évolue quasiment plus depuis 2014 ce qui, à créations d’emplois égales, gonfle le taux d’emploi par rapport aux années précédentes ;
  • les ordres de grandeur des créations nettes d’emploi à partir de 2015 sont du même ordre de grandeur que celles d’avant la crise de 2008.

A chacun de tirer les conclusions qu’il souhaite de ces quelques observations basiques mais j’invite le Premier wallon à tenir compte, à tout le moins, de la stagnation de la population des 20-64 ans au cours des dernières années dans l’analyse de l’évolution du taux d’emploi.

Plus d’informations dans la note jointe.

Plus de 10.000 jeunes wallons bénéficient d’un Revenu d’intégration « Ã©tudiant »

mardi, avril 2nd, 2019

La Brève de l’IDD n°26 vise à actualiser, pour la Wallonie, les données concernant les jeunes bénéficiant d’un Revenu d’intégration « Ã©tudiant ».

Les principales observations :

  • La proportion de jeunes wallons de 18 à 24 ans aux études est en augmentation constante, passant d’environ 52% en 2010 à environ 60% en 2017.
  • Fin 2017, il y avait 184.000 jeunes de 18 à 24 ans aux études. Parmi les jeunes de 20-24 ans, quasiment la moitié est aux études (supérieures).
  • Fin 2017, il y avait en Wallonie 9.500 jeunes âgés de 18 à 24 ans bénéficiaires d’un RI étudiant, dont 5.800 âgés de 20 à 24 ans.
  • La barre des 10.000 bénéficiaires a été franchie fin 2018.
  • Le nombre de bénéficiaires d’un RI étudiant âgés de 18 à 24 ans a augmenté de 80% entre 2010 et 2017, avec un « saut » en 2016.
  • La proportion de jeunes de 18-24 ans aux études bénéficiaires d’un RI est passé de 3,1% en 2010 à 5,2% en 2017.
  • La proportion est plus élevée chez les 20-24 ans (5,4% en 2017) que chez les 18-19 ans (4,8%).

Plus d’informations dans la note jointe.

Les émissions de CO2 et l’impact sur le réchauffement de l’aviation

mardi, avril 2nd, 2019

La Brève de l’IDD n°25 a pour ambition de faire le point sur les émissions de gaz à effet de serre liées à l’aviation.

Deux conclusions majeures :

  • on peut estimer que l’aviation représente aujourd’hui environ 3% des émissions de CO2 liées à la combustion (la fourchette habituellement citée est de 2% à 3%);
  • on peut estimer que l’aviation représente – hors effet « cirrus » – entre 3% et 3,5% des émissions globales de gaz à effet de serre mesurées en équivalent CO2 ; si on ajoute l’effet « cirrus », pour lequel, rappelons-le, il y a de grandes incertitudes, on obtient un impact global de l’ordre de 4,2% à 4,8%.

Plus de détails dans la note jointe.

Le point sur les familles monoparentales en Wallonie

mardi, avril 2nd, 2019

Le lancement le 7 mars 2019 d’un site spécifique consacré aux « Familles monoparentales » sur le portail de l’Action sociale wallonne est l’occasion de faire le point ; la dernière Brève de l’IDD propose quelques données qui permettent de mieux cadrer cette réalité :

  • au 1er janvier 2018 il y avait en Wallonie 192.000 ménages monoparentaux, contre 121.000 en 1991
  • la part des ménages monoparentaux dans le total des ménages privés est très stable autour de 12% depuis 2006
  • il se fait, cependant, que cette statistique ne correspond pas entièrement aux images véhiculées en matière de familles monoparentales, y compris dans la communication autour de ce nouveau site, à savoir une femme seule avec des jeunes enfants et/ou des enfants aux études ; deux constats essentiels à cet égard :

– 20% des chefs de ménage monoparentaux ont 60 ans ou plus ; difficile de faire coller les 60 et plus avec le public visé par la politique wallonne !
– 20% des enfants de ménages monoparentaux ont 25 ans ou plus

  • 83% des chefs de ménage monoparentaux de moins de 60 ans sont des femmes ; la proportion des hommes est en légère croissance depuis le début des années 2000 ;
  • un quart des enfants wallons de moins de 25 ans vivent dans une famille monoparentale ; cette proportion est stable depuis 2007
  • les chefs de ménage monoparentaux sont en moyenne économiquement plus précaires que les parents en couple ; c’est ce qu’indiquent notamment les statistiques du taux de pauvreté ; quelques indicateurs plus originaux  :

– les taux d’activité et d’emploi des chefs de famille monoparentale sont plus faibles que ceux des parents vivant en couple et les taux de chômage plus élevés ; les écarts sont particulièrement importants chez les jeunes parents ;
– au sein des chefs de ménage monoparentaux on observe à tous les âges un taux d’emploi significativement supérieur chez les hommes ; les femmes monoparentales subissent donc une double discrimination ;
– la proportion de parents seuls bénéficiaires du revenu d’intégration est très élevée par rapport aux autres parents, en particulier aux âges les plus jeunes ; exemple : dans la catégorie des 18-24 ans, la proportion est de 37% (!) pour les parents seuls contre 7% pour les autres parents ;
– ici aussi il y a une différence hommes-femmes en matière de revenu d’intégration ; c’est ainsi, par exemple, que la proportion de parents seuls bénéficiaires du revenu d’intégration est environ deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes à partir de 30 ans.

Deux conclusions politiques :

  1. Il faut arrêter de considérer les ménages monoparentaux comme un grand tout indistinct ; on ne peut, par exemple, considérer de la même manière une maman seule avec deux jeunes enfants et un parent seul de 60 ans qui vit avec un enfant de 35 ans financièrement autonome.
  2. Il faut se donner les moyens de mieux comprendre les constats socio-économiques concernant les parents seuls : ceux-ci sont-ils plus souvent précaires que d’autres parents parce qu’ils se sont retrouvés seuls ou des parents économiquement précaires ont-ils un plus grande probabilité de se séparer ? Il y a probablement des deux explications ; raison de plus pour investiguer plus avant.

Plus d’informations dans la note jointe.