Éclairer le débat sur les fins de carrière – Quelques indicateurs

 

En principe, les interlocuteurs sociaux, dans le cadre de la mission qui leur a été confiée par Kris Peeters, ministre fédéral de l’emploi, qui souhaite faire aboutir une réflexion sur le « travail faisable », discutent aussi des fins de carrière. En tout état de cause, la problématique des fins de carrière a été proposée à la négociation par les organisations syndicales. Dans ce contexte, la dernière note de l’Institut pour un Développement Durable vise à éclairer ce débat sur base de quelques indicateurs. 

Premier constat : la place des 55-64 ans sur le marché du travail croît depuis le tournant du siècle. La part des 55-64 ans dans le total de la population active et le total des actifs occupés (= salariés + indépendants) a ainsi doublé, passant d’un peu plus de 6% à un peu plus de 13% depuis 2000. Rappelons ici que cette croissance est avant tout attribuable aux évolutions socio-démographiques même si des changements de législation (prépensions, âge de la retraite) ont vu leur impact augmenter au cours des années récentes.

La part des femmes dans le total des personnes âgées au travail est passée de 28% à 44% entre 1995 et 2014. En 2014, la part des femmes occupées chez les 55-64 ans (44%) est presque égale à celle dans l’ensemble des travailleurs, soit 47%.

Si on regarde de plus près les données récentes, que peut-on dire ?

1. Les 55-64 ans sont plus de 600.000 à avoir un emploi, dont pratiquement 500.000 salariés.

2. Les 3/4 environ des âgés avec un emploi ont entre 55 et 59 ans.

3. Le nombre de salariés âgés de 55 ou plus a augmenté de plus de 80.000 unités en 5 ans.

4. Le taux d’activité et le taux d’emploi des 55-59 ans est en train de rattraper très rapidement les taux d’activité et d’emploi de l’ensemble de la population en âge de travailler.

5. Néanmoins, cette « performance » est en partie attribuable à l’anémie du marché du travail global, qui peine à sortir de la longue crise débutée en 2008.

6. D’une manière générale les indicateurs pour les 60-64 ans s’améliorent – en termes relatifs – au moins autant que ceux des 55-59 ans mais les niveaux de départ sont très bas. En 2014 le taux d’emploi des 60-64 ans n’est que de 25% contre 60% pour les 55-59 ans.

7. Hors invalides, le taux d’inactivité des 55-59 ans est tombé de 31 à 23% en quelques années seulement, ce qui est remarquable.

8. Le nombre des invalides augmente régulièrement : +23.000 pour les 55-64 ans entre 2010 et 2014.

Si on classe les secteurs selon l’importance des 55-64 dans l’emploi salarié total, on peut constater que :

1. Le pourcentage de salariés âgés dans le total des salariés varie grandement d’un secteur à l’autre : entre 6 et 23%.

2. On ne s’étonnera pas des résultats du classement ; par exemple, le secteur des administrations publiques à presque 20% de ses effectifs qui ont entre 55 et 64 ans tandis que pour les activités informatiques ce pourcentage est de 6%.

3. L’importance relative des salariés qui sont aujourd’hui dans la tranche d’âge des 50-54 ans montre que dans beaucoup de secteurs la part des 55-59 va encore augmenter dans les cinq années à venir.

4. L’importance des 60-64 ans est aussi appelée à augmenter, peut-être plus encore, dans des secteurs comme « transports et entreposage », « fabrication de matériels de transport », « construction », etc. ; cependant, est-ce tenable pour les travailleurs concernés au vu des exigences physiques du travail ?

5. Enfin, l’augmentation de la part des travailleurs âgés, voire très âgés, a-t-elle un sens en terme de gestion des ressources humaines (notamment au vu de l’évolution des métiers) dans des secteurs comme les « activités financières et d’assurance »Â ?

A propos des conditions de travail, relevons que

– 22.000 salariés âgés travaillent en pauses

– 36.000 travaillent habituellement en soirée

– 12.000 travaillent habituellement la nuit.

Au vu du peu de personnes concernées, des solutions d’amélioration des conditions de travail devraient, me semble-t-il, pouvoir être trouvées pour ces travailleurs âgés dans le cadre des négociations en cours.

Beaucoup de salariés âgés – plus de 36% – travaillent à temps partiel et presque 60% des femmes.

Les données de l’enquête sur les forces de travail permettent d’apporter encore deux informations :

– environ 3% des salariés entre 55 et 64 ans ont un emploi à durée déterminée ; ce pourcentage est resté plus ou moins stable au cours des dernières années ; il est plus faible que celui de l’ensemble des salariés (un peu plus de 8%) et surtout que celui des jeunes travailleurs (environ un tiers) ;

– les retraites anticipées représentent un tiers environ des départs à la retraite.

Plus de données statistiques dans la note jointe

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