Le succès du système des titres-services est indéniable.
Et les déclarations sur l’ampleur et la croissance de l’emploi qui découlent de ce succès ne manquent pas.
Les créations d’emplois sont de fait très importantes. Mais encore faut-il les mesurer correctement.
Après avoir rappelé la croissance de l’activité en titres-services, la dernière note de l’Institut pour un Développement Durable se penche en détail sur le niveau d’emploi en titres-services et sur l’augmentation de l’emploi depuis la mise en route du système des titres-services.
Elle se conclut sur une ré-estimation du coût brut et du coût net par emploi crée dans le système des titres-services.
Les principaux constats de l’Institut pour un Développement Durable sont les suivants :
- en tendance, le nombre de titres-services remboursés a atteint fin 2012 le niveau de 10 millions par mois
- malgré un rattrapage progressif, la part de la Wallonie dans les titres-services remboursés atteint à peine 22% ; Bruxelles, au contraire, « surconsomme » en termes relatifs
- en 2012, les ménages belges ont acheté quasiment 1 milliard de titres-services, soit pratiquement 0,5% de leur revenu disponible
- le niveau d’emploi est inférieur aux données le plus souvent citées, notamment par certains responsables politiques (voir par exemple les 170.000 emplois évoqués par la ministre fédérale de l’emploi en mars 2012)
- sur base d’une méthodologie plus appropriée on peut estimer à 113.200 l’emploi moyen en 2012
- in 2012 il y avait environ 116.500 emplois en titres-services
- dans le secteur privé, l’activité des titres-services a contribué à concurrence de 44% des créations nettes d’emplois entre 2004 et 2012
- entre 2008 et 2012, l’emploi dans le secteur privé aurait stagné sans l’augmentation de l’emploi en titres-services
- le temps de travail moyen dans le secteur est d’environ un 3/5 temps
- le coût net pour les finances publiques du système des titres-services est estimé à environ 15.000 €/an par emploi équivalent temps-plein.
Au moment où les moyens d’action publics consacrés aux titres-services vont être régionalisés, peut-être y a-t-il lieu d’examiner la meilleure affectation possible des importants montants budgétaires ainsi injectés dans l’économie (1,615 milliard € en 2013, hors dépense fiscale).
A mon estime, deux autres secteurs au moins sont susceptibles de générer des effets sur l’emploi du même ordre de grandeur et de proposer des emplois de meilleure qualité, tout en rencontrant des besoins souvent vus comme essentiels : les maisons de repos et de soins et le secteur des aides-familiales, aides-ménagères, etc.
Pourvu, en tout cas, qu’il y ait au moins un débat sur ces questions et qu’il s’appuie sur des évaluations en matière d’emploi, de retombées sur les dépenses sociales, etc., qui tiennent la route. Cette note a pour seul objectif d’alimenter ce débat, non de le trancher.
Le lecteur intéressé trouvera plus de précisions dans la note jointe.