Les revenus des belges – 1995/2015 : Quelques surprises

juillet 14th, 2015
INTRODUCTION
Trois publications statistiques récentes – « Les perspectives économiques régionales 2015-2020 », « Les perspectives de population » et les « Perspectives des ménages » – permettent des analyses originales en matière d’évolution des revenus en Belgique, qui plus est sur une longue période (les vingt dernières années) et pour les trois régions et le Royaume. L’analyse macroéconomique de l’évolution des revenus s’intéresse le plus souvent à la masse globale du revenu disponible. Mais, pour le grand public, l’évolution du revenu disponible moyen par ménage ou par personne est plus parlante. Enfin, une analyse plus subtile, même si imparfaite, de l’évolution du niveau de vie moyen passe par l’évolution du revenu disponible par unité de consommation. Cette dernière approche (l’unité de consommation) permet d’intégrer dans les évolutions le constat que, toutes choses égales par ailleurs, le coût de la vie varie en fonction de la taille et de la composition (adultes et enfants) du ménage.

QUELQUES DONNÉES STRUCTURELLES

Le tableau suivant présente l’évolution du revenu disponible total des 3 régions et du Royaume, aux prix de 2015. La croissance à 20 ans d’écart est significative mais relativement faible – moins de 1% – en terme de croissance annuelle moyenne. La Wallonie – on le voit – est un peu à la traîne.

Les tableaux suivant présentent, sur une schéma identique, les indicateurs suivants :
Рrevenu disponible par m̩nage
– revenu disponible par personne
Рrevenu disponible par unit̩ de consommation.

La croissance du revenu disponible par ménage tourne autour de 0%, avec une croissance un peu plus élevée à Bruxelles.

Le nombre d’habitants ayant évolué moins vite que le nombre de ménages (ce qui implique une baisse tendancielle de la taille moyenne des ménages), le revenu disponible par habitant évolue plus favorablement, à l’exception de Bruxelles où il baisse, les évolutions démographiques y étant de sens opposé à celles des 2 autres régions.

Enfin, tenant compte des évolutions dans la composition des ménages, il ressort que la croissance du revenu disponible par unité de consommation – bon indicateur de l’évolution du niveau de vie – croit moins vite que le revenu disponible par personne en Flandre et en Wallonie et baisse moins à Bruxelles.

LES TENDANCES DE LONG TERME

Quatre observations majeures ressortent des évolutions tendancielles entre 1995 et 2015 :

РLe revenu disponible par t̻te et le revenu par unit̩ de consommation enregistrent tous les deux un maximum historique en 2008/2009.

– Le recul du revenu disponible (par tête ou par unité de consommation) depuis le début de la crise est particulièrement marqué à Bruxelles.

– Depuis lors, le revenu disponible réel (par tête ou par unité de consommation) n’est pas encore revenu au niveau maximum observé, dans aucune région, même si on observe une (lente) remontée depuis un an ou deux.

– En projetant les évolutions – revenu disponible et démographiques – découlant des récentes Perspectives économiques régionales et Perspectives socio-démographiques, il faudra attendre, pour que le revenu disponible par unité de consommation revienne au niveau d’avant-crise :
    > 2029 à Bruxelles
    > 2021 en Flandre
    > 2018 en Wallonie
    > 2021 au niveau du Royaume.

Deux conclusions :

1. L’analyse macroéconomique ne s’intéresse pas assez, en dehors du marché du travail, au poids des évolutions socio-démographiques. C’est une erreur. En tenir compte permet de calibrer les « performances » en matière de revenus.

2. Ces données et évolutions permettent de mieux comprendre le ressenti de terrain des citoyens et consommateurs.


Plus de détails dans la note jointe.

 

Philippe Defeyt

Faut-il vraiment financer l’adaptation au changement climatique en dehors du développement ?

avril 20th, 2015

La question traitée est de savoir dans quelle mesure il est justifié d’appuyer l’adaptation des pays vulnérables au changement climatique par des financements séparés de ceux destinés au développement. Le raisonnement s’appuie sur une définition des projets d’adaptation, qui les considère comme une catégorie de projets de développement. L’adaptation n’étant pas un but en soi, il est considéré qu’elle sert les mêmes finalités que les projets de développement et que l’adaptation ne peut pas être un objectif pertinent. Sur cette base, l’influence de financements séparés est analysée en relation avec chacun des grands critères classiques d’évaluation (pertinence, efficacité, efficience, durabilité et impact). Il ressort qu’un financement séparé est défavorable pour chacun de ces critères et n’est donc pas justifié. Cette analyse n’affaiblit toutefois pas les bonnes raisons d’augmenter l’appui aux pays pauvres ou vulnérables et de l’améliorer en l’orientant vers plus de durabilité, ce qui implique, entre autre, d’y intégrer les nécessités d’adaptation.

Jean-Paul Ledant

Téléchargez le document ici.

 

Le point sur les familles monoparentales

mars 31st, 2015

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et la précarité, les familles monoparentales font l’objet d’une attention particulière, au niveau fédéral comme dans les régions. Cette attention se justifie amplement au vu des résultats des enquêtes sur la pauvreté.

Au vu de cette préoccupation, la dernière note de l’Institut pour un Développement Durable fait le point statistique sur les familles monoparentales.

Quelques données globales

Il y avait en Belgique au 1er janvier 2013 (nombres arrondis)

  • 465.000 familles monoparentales suivant la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale (BCSS)
  • 465.600 suivant le Bureau fédéral du Plan
  • 724.500 enfants vivant dans une famille monoparentale suivant la BCSS
  • 725.200 suivant le Bureau fédéral du Plan.

Les observations sont fort proches ; c’est normal, elles partent toutes les deux du registre de la population.

Voici la répartition régionale. Bruxelles et la Wallonie sont surreprésentées dans les familles monoparentales relativement à leur population totale.

Des faits

  • Entre 1991 et 2014, le nombre de familles monoparentales a augmenté de 51%. La croissance du nombre de familles monoparentales marque une légère inflexion à partir de 2006-2007.
  • La proportion des familles monoparentales dans l’ensemble des familles passe d’un peu plus de 14% en 1991 à un peu plus de 25% en 2014.
  • La proportion des enfants de familles monoparentales dans le total des enfants passe de 14,5% à 22,1%.

Voici quelques indicateurs pour la Belgique et les trois régions.

  • Une représentation domine quand on évoque les familles monoparentales : une jeune femme avec de jeunes enfants. Certes, il y en a. Mais il y a des chefs de famille monoparentale à tous les âges. Près de 10% ont 65 ans ou plus, 3% 80 ans ou plus.
  • Les chefs de famille monoparentale sont en moyenne un peu plus âgés que les autres parents. C’est normal, puisque le plus souvent on devient chef de famille monoparentale (par séparation ou veuvage) après avoir vécu un certain temps avec quelqu’un.
  • Certes, les femmes dominent parmi les chef de famille monoparentale. Au total les femmes représentent 83% des chefs de famille monoparentale (87% à Bruxelles, 81% en Flandre, 83% en Wallonie). Mais la part des hommes augmente avec la catégorie d’âge, pour arriver à près de 30% pour les 60-64 ans.
  • Les familles monoparentales sont, on le sait, globalement moins bien loties en matière socioéconomique.
  • D’une manière générale, les chefs de famille monoparentale ont un taux d’activité et un taux d’emploi inférieurs à celui des autres parents.
  • Par rapport aux autres parents ils sont plus souvent au chômage (taux de chômage de respectivement 16,1% et 5,1%) et dépendent plus souvent du CPAS (pourcentage de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale de respectivement 4,9% et 0,4%).
  • Notons encore que le taux de chômage et la proportion de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (RIS) des enfants de famille monoparentale sont également plus élevés que ceux des autres enfants. Mais les écarts sont moins grands.
  • De plus, les chefs de famille monoparentale salariés travaillent plus souvent à temps partiel que les autres parents salariés et que la moyenne de la population et ont des salaires en moyenne moins élevés.

* * *

La dernière étude lInstitut pour un Développement Durable propose une photographie de la situation, absolue et relative, des chefs de famille monoparentale. Elle confirme mais précise aussi des constats précédents. Tous les indicateurs socioéconomiques (taux d’emploi, proportion d’emplois à temps partiel, hauteur des salaires…) concourent à expliquer pourquoi le taux de pauvreté/précarité est plus élevé pour les familles monoparentales que pour le reste de la population.

Mais cela reste une description. Il faut aussi interpréter et comprendre les dynamiques à l’œuvre. Je vois au moins quatre séries de questions qui méritent des investigations approfondies :

  • Qu’est-ce explique fondamentalement le plus grand taux de pauvreté/précarité des familles monoparentales au-delà de l’évidente explication que vivre dans des ménages plus petits coûte évidemment proportionnellement plus cher ? Cette situation concerne-t-elle surtout des parents de (très) jeunes enfants (difficultés de concilier un travail avec la garde et les soins des enfants) ? Ou les personnes avec moins d’atouts en main (compétences, connaissances, expériences positives…) seraient-elles surreprésentées dans les chefs de famille monoparentale ?
  • Que deviennent ces différences sur la durée ? Des chefs de famille monoparentale s’en sortent-ils mieux une fois les enfants plus grands ou partis ? S’en sortent-ils mieux quand ils recomposent une famille ?
  • Ne faut-il pas distinguer plusieurs types de situations pour affiner l’analyse : les très jeunes chefs de famille monoparentale, les situations avec des « Tanguys », les chefs de famille monoparentale âgés avec un ou plusieurs enfant(s) âgé(s), etc., etc. ?
  • Quel est le devenir des enfants des familles monoparentales ? Est-il peu ou prou handicapé par les difficultés matérielles et autres rencontrées par beaucoup de familles monoparentales ?

Questions difficiles, mais auxquelles il faut avoir le courage de répondre.

Plus de données et explications dans la note jointe et l’annexe libre.

Les initiatives citoyennes de transition : significations et perspectives politiques

mars 14th, 2015

Le 1er avril se tiendra à Charleroi le « Forum de la Transition Solidaire ». Quelques 300 intervenants se réclamant de ou se reconnaissant dans la notion de transition écologique et solidaire échangeront leurs expériences et leur vision de la transition. Une cinquantaine d’initiatives citoyennes seront présentes, actives dans des secteurs aussi différents que l »agriculture et l’alimentation, le logement, l’énergie, es monnaies complémentaires, l’éducation.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site « www.transition21.be »

C’est l’occasion de s’interroger sur  la signification politique et sociologique de ces nouvelles initiatives citoyennes qui se réclament de la « transition écologique». En quoi des initiatives citoyennes comme  les «Villes en Transition», les AMAP, les quartiers durables et solidaires, les coopératives de production d’énergie, les Systèmes d’Echange Local,  les Groupes d’Achat Solidaires, les monnaies locales, etc., participent-elles malgré leurs différences (et au-delà du fait de s’en réclamer ou non) à une même transition? En quoi consiste leur potentiel de transformation et de quel type de transformation sont-elles porteuses ? Quelle est la portée et la signification politique et sociale de ces mouvements ?

Le texte ci-joint tente d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions, ou, à tout le moins d’enclencher une réflexion qu’on espère la plus collective possible..

CPAS : une explosion du nombre de bénéficiaires et des dépenses – Évolutions régionales et nationales

mars 11th, 2015

De combien vont augmenter les dépenses des CPAS en 2015 pour les Revenus d’intégration sociale (RIS) ? Quel est la part de ces dépenses supportée par les CPAS et donc les communes ? Les 3 régions sont-elles égales en matière de RIS ? Quels sont les dynamiques à l’oeuvre ? Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles répond la dernière étude de l’Institut pour un Développement Durable.

Commençons par deux données (pour la Belgique) qui justifient  amplement le mot « explosion » : 

+ 21% du nombre de bénéficiaires du Revenu d’intégration sociale entre 2010 et 2015

+ 25% des dépenses RIS entre 2010 et 2015 (augmentation réelle, c’est-à-dire déduction faite de l’indexation).

Tout indique que ces estimations sont prudentes.

Cette explosion s’explique par

  • la précarisation croissante des personnes fragilisées dans notre société
  • l’augmentation du nombre de chômeurs sanctionnés par l’ONEM
  • l’arrivée dans les CPAS en 2015 des personnes qui perdent leur allocation d’insertion (ou ne l’obtiennent pas)
  • la double liaison au bien-être (2 fois 2%) des montants du RIS.

Les évolutions sont (fort) différentes d’une région à l’autre, comme le montrent les graphiques et tableaux suivants :

 

Pour la première fois depuis 2010, le nombre de bénéficiaires en Flandre passerait au-dessus du niveau de 2010. La situation en Wallonie est très inquiétante. Si les explications de l’explosion sont les mêmes qu’au niveau national, il faut souligner qu’elles sont amplifiées en Wallonie. C’est en particulier le cas du nombre de personnes qui perdent leur allocation d’insertion, puisque 2/3 d’entre elles environ vivent en Wallonie.

 

D’une manière générale, les déséquilibres régionaux sont manifestes en matière de RIS. C’est ainsi que la Wallonie accueillera en 2015 pratiquement la moitié du nombre total de bénéficiaires du RIS et des dépenses y relatives.

Même si l’Etat fédéral a, en 2014, augmenté les taux de remboursement des RIS, les CPAS wallons en particulier vont trinquer. En Wallonie il y aura en effet en une hausse de 11,3 millions (+8,8%) des dépenses à charge des CPAS, et donc des communes, entre 2014 et 2015. Dans le contexte budgétaire actuel, cette hausse risque de peser très lourd, sauf si, comme il l’a promis, le Fédéral assume ce surcoût lié à des décisions prises par lui.

Toute augmentation du nombre de fins de droits en allocation d’insertion augmentera les dépenses totales pour tout le pays de 8,14 millions par tranche de 1.000 bénéficiaires du RIS supplémentaires, dont 2,37 millions à charge des communes. Ces 2,37 millions se répartissent ainsi entre les régions :

  • Bruxelles : +0,38 millions

  • Flandre : + 0,27 millions

  • Wallonie : +1,72 millions.

Attention : dans le cadre de la promesse du gouvernement fédéral de compenser les dépenses supplémentaires à charge des communes liées aux nouvelles dispositions en matière d’allocations d’insertion, ce sont les dépenses additionnelles en 2015 qu’il faut prendre en considération, si non se serait reprendre d’une main ce qu’on a donné de l’autre.

Le gouvernement fédéral a, pour ce faire, réservé une enveloppe de 19,95 millions €. Sur base des calculs de l’Institut pour un Développement Durable, cette enveloppe sera épuisée dès lors qu’il y aura au moins 8.400 bénéficiaires du RIS suite à la perte de leur revenu d’intégration.

Je peux annoncer sans crainte de me tromper une fameuse bataille de chiffres quand il faudra appliquer concrètement la promesse du gouvernement.

Dernière remarque : les dépenses 2015 risquent encore d’être gonflées par :

  • une liaison de bien-être de 2% dont la date d’application n’est pas encore connue (ni peut-être décidée)
  • l’arrivée des premières personnes qui n’auront aucun droit à une allocation d’insertion parce que n’ayant pas terminé leurs études soit avant leur 20ième anniversaire, soit avant leur 24ième anniversaire
  • une augmentation des demandes pour un RIS cohabitant partiel pour tous ceux qui ont une allocation d’insertion cohabitant aujourd’hui ; en effet, il commence à être bien connu que certains de ces chômeurs ont droit, tout en continuant à toucher leur allocation de chômage, à un « complément » versé par le CPAS.

Plus de détails dans la note jointe et, pour les données, dans le fichier joint.

A votre disposition.

Bien à vous

L’évolution des salaires entre 2014 et 2015 : quelques éclaircissements, bien nécessaires

février 16th, 2015

Le moins que l’on puisse dire c’est que les déclarations et justifications relatives à la politique salariale du gouvernement Michel n’ont pas été constantes ni très limpides, à l’exception de celles relatives au saut d’index.

On en trouvera une présentation chronologique dans la note jointe.

Comme si les valses-hésitations des derniers mois ne suffisaient pas, le gouvernement Michel vient de sortir un nouveau lapin de son chapeau en annonçant vouloir consacrer 127 millions aux bas salaires. Cette enveloppe de 127 millions était initialement destinée à augmenter de 1% les minima sociaux pour compenser (en partie) le saut d’index. Mais,

  • cette enveloppe s’est révélée insuffisante pour augmenter de 1% tous les minima sociaux
  • de toute manière l’indexation n’aurait pas (eu) lieu en 2015, rendant inutile une compensation pour le saut d’index
  • enfin, a estimé le gouvernement, la liaison au bien-être de certaines allocations sociales et du revenu d’intégration, décidée par le Groupe des 10, allait augmenter les situations de piège à l’emploi en réduisant l’écart entre les salaires nets et les allocations sociales.

Dans ce contexte, la dernière note de lInstitut pour un Développement Durable a un double objectif :

  • estimer quel pourrait être l’impact sur les salaires nets de l’utilisation des 127 millions
  • calculer l’effet du relèvement des frais professionnels forfaitaires et de la mobilisation de l’enveloppe de 127 millions par niveau de salaire ; il est à cet égard affligeant de constater que les travailleurs à temps partiel sont très largement ignorés dans les débats et dans les exemples chiffrés donnés par les uns et les autres.

Elle considère, pour ce faire, deux situations contrastées, à savoir d’une part un(e) contribuable seul(e) avec 2 enfants à charge et d’autre part un(e) contribuable marié(e), sans enfant ni conjoint à charge.

On a par ailleurs supposé que l’enveloppe des 127 millions serait consacrée à augmenter à due concurrence le Crédit d’impôt pour bas salaires.

Les résultats des calculs sont donnés dans les deux tableaux suivants.

NB : Voici comment lire ces résultats. Prenons à titre d’exemple un(e) contribuable seul(e) avec 2 enfants à charge gagnant le salaire minimum garanti de 1.559,38 € bruts par mois. En décembre 2014 son salaire net était de 1.428,81 € par mois. Le nouveau barème du précompte professionnel à partir du 1er janvier 2015 lui permet de gagner 11,25 € nets en plus par mois, soit une augmentation de 0,79% du salaire net. Si le gouvernement mettait en Å“uvre une augmentation du crédit d’impôt pour bas revenus dans une enveloppe de 127 millions par an, l’augmentation du net, toujours par rapport à décembre 2014, serait de 20,79 €, soit 1,45% d’augmentation du salaire net. L’augmentation de 20,79 €/mois est l’apport cumulé du relèvement des frais professionnels forfaitaires et de l’augmentation du crédit d’impôt pour bas revenus.

Impacts sur les salaires nets du relèvement des frais professionnels forfaitaires
et d’une (éventuelle) augmentation du crédit d’impôt pour bas salaires

 

Cinq commentaires …

  1. En 2015, le relèvement des frais professionnels forfaitaires n’a pas d’impact ou n’a qu’un impact (très) faible pour les personnes travaillant à temps réduit au salaire minimum garanti, à l’exception d’un(e) contribuable marié(e) travaillant au moins à 4/5 temps. Or ce sont des catégories de travailleurs soumis à un grand risque de perdre de l’argent en acceptant un travail.
  2. L’impact sur le salaire net, pour ces mêmes travailleurs, est plus marqué en cas d’augmentation – complémentaire – du crédit d’impôt pour bas revenus, mais il faut pour beaucoup de ces travailleurs attendre l’enrôlement pour profiter de ce crédit ! Aucun impact donc à attendre, dans ce cas, en matière de piège à l’emploi.
  3. En tout état de cause aucun impact à attendre non plus pour les travailleurs seuls avec enfant à charge qui complètent leur revenu salarial par un revenu d’intégration partiel ; toute augmentation du salaire entraîne une diminution de ce revenu d’intégration à due concurrence.
  4. Globalement les impacts de ces deux mesures sur le salaire nets sont dégressifs (= ils baissent en pourcentage au fur et mesure qu’augmente le salaire brut) au delà du salaire minimum (pour un temps plein), ce qui en fait une mesure plutôt redistributive.
  5. S’il y avait eu une indexation des salaires en 2015 , il est clair que les impacts additionnés de ces deux mesures n’aurait pas, sur le long terme, entièrement compensé le saut d’index. En outre, le relèvement des frais professionnels n’a pas été initialement présenté comme une mesure compensatoire au saut d’index et l’augmentation du crédit d’impôt pour les bas revenus est – semble-t-il – présentée comme une mesure de « rééquilibrage » par rapport à la liaison au bien-être de certaines allocations sociales. Quel fouillis dans les motivations et explications !

… et une recommandation : Il est urgent de proposer une politique des revenus (salaires et allocations sociales) cohérente, tenant compte, notamment, des travailleurs de plus en plus nombreux qui travaillent à temps partiel pour de faibles salaires et d’une approche actualisée et concrète des pièges à l’emploi. On en est loin, ce gouvernement naviguant à vue avec des justifications essentiellement idéologiques, ne découlant pas d’une connaissance approfondie du réel.

Plus de précisions dans la note jointe et dans l’annexe.

 

Philippe Defeyt.

Le marché du travail des jeunes – il n’y a pas de quoi se réjouir

décembre 2nd, 2014

La publication des statistiques de l’ONEM d’octobre 2014, en annonçant une baisse à un an d’écart des chômeurs indemnisés de moins de 25 ans, donnerait à penser que la situation sur le marché du travail des jeunes n’est pas si mauvaise que le laisseraient penser les difficultés de nombreux jeunes – même (bien) formés – à trouver un emploi.

Une fois de plus il n’en est rien ! La dernière étude de l’Institut pour un Développement Durable montre cela à partir de quelques données essentielles pour comprendre ce qui se passe.

1. L’emploi des jeunes de moins de 25 ans est en régression

C’est certainement vrai pour l’emploi tel que mesuré par l’Enquête sur les forces de travail (EFT), qui n’a jamais été aussi bas depuis 2008. L’emploi des jeunes reculé d’environ 50.000 unités entre 2008 et 2014 !

Cette évolution est largement confirmée par l’évolution de l’emploi des jeunes salariés telle que donnée par l’ONSS (il s’agit ici des statistiques avancées de l’emploi).

2. Le nombre de demandeurs d’emploi recule en 2014

Le nombre de jeunes chômeurs indemnisés a effectivement tendance à reculer en 2014.

Deux autres sources d’informations – l’Enquête sur les forces de travail et Belgostat – indiquent un profil d’évolution du chômage semblable mais

  • à un niveau supérieur (surtout depuis 2012)
  • avec une baisse en fin de période moins marquée.

Il y a donc un écart grandissant entre les données de l’ONEM, qui ne portent que sur les chômeurs indemnisés, et les données de Belgostat (définition du Bureau fédéral du Plan) qui portent sur les demandeurs d’emploi inoccupés. Autrement dit, les jeunes chômeurs indemnisés représentent une part décroissante du nombre total des jeunes demandeurs d’emploi inoccupés. L’écart croissant s’explique essentiellement par l’évolution de la législation du chômage.

3. Une population active en recul tendanciel

La population des actifs (les jeunes présents sur le marché du travail comme travailleur ou chômeur) montre une tendance régulière à la baisse, accentuée au cours des derniers trimestres. Pour l’essentiel cette évolution est attribuable à l’augmentation du nombre de jeunes dans l’enseignement supérieur et qui ne se présentent donc pas sur le marché du travail (hormis les jobs étudiants).

Il est peu probable que la situation se redresse rapidement en ce qui concerne l’emploi des jeunes. Mais l’augmentation du nombre de jeunes aux études devrait continuer à influencer favorablement l’évolution du chômage.

On verra aussi dans quelques semaines ce qu’il adviendra des jeunes qui perdront leur allocation d’insertion. Resteront-ils ou pas (formellement) dans la population active ?

Les graphiques de la note jointe sont très éloquents sur les tendances récentes du marché du travail des moins de 25 ans.

Lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale : une politique sans objectifs régionaux ni statistiques solides, on a du mal à y croire

novembre 12th, 2014

« 20% de la population vit en situation de pauvreté. C’est un scandale qu’on ne peut accepter dans une société aussi riche que la nôtre! » a déclaré Paul Magnette à la veille de la Journée mondiale du refus de la misère (chaque année le 17 octobre). Il a aussi à cette occasion indiqué toute l’importance d’appuyer l’élaboration et la mise en place d’Un Plan d’action global de lutte contre la pauvreté – composé d’une septantaine de mesures – avec un appareil statistique de qualité. Il est à cet égard révélateur que la section de la Déclaration de politique régionale 2014-2019 consacrée à la Lutte contre la pauvreté démarre en citant le taux de pauvreté national et non le taux de pauvreté wallon !

C’est la question statistique qui est examinée dans la dernière note de l’Institut pour un Développement Durable (IDD).

La stratégie Europe 2020

La démarche est certes peu connue mais l’Europe s’est dotée d’une stratégie Europe 2020, dans laquelle se trouvent plusieurs objectifs relatifs à l’inclusion sociale.

« La stratégie Europe 2020 présente des priorités qui se renforcent mutuellement pour faire de l’UE une économie intelligente, plus durable et plus inclusive. En ce qui concerne l’inclusion sociale les objectifs sont

● Un emploi pour 75 % de la population âgée de 20 à 64 ans

● L’abaissement du taux de sortie précoce du système scolaire à moins de 10 %

● Un diplôme de l’enseignement supérieur ou équivalent pour au moins 40 % de la population âgée de 30 à 34 ans

● Une réduction d’au moins 20 millions du nombre de personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale

La dernière note de l’IDD s’intéresse uniquement aux objectifs directement en relation avec l’inclusion, à savoir l’emploi, l’éducation et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Stratégie Europe 2020 : les indicateurs pour l’UE28 et la Belgique

Le tableau suivant donne les valeurs de ces différents objectifs en 2013 et les objectifs à atteindre en 2020, pour l’Union européenne et pour la Belgique.


2013 Objectif 2020
Pauvreté ou exclusion sociale (1.000)
UE 122.649 97.700(e)
Belgique 2.286 1.820(e)
dont en Risque de pauvreté (1.000)
UE 83.462(e)
Belgique 1.652
Dont Très faible intensité de travail (1.000)
UE 40.189(e)
Belgique 1.190
dont en Privation matérielle sévère (1.000)
UE 48.245(e)
Belgique 561
Abandon prématuré d’études 20-24 ans (%)
UE 12,0 10,0
Belgique 11,0 9,5
Niveau d’études supérieur 30-34 ans (%)
UE 36,9 40,0*
Belgique 42,7 47,0
Taux d’emploi 20-64 ans (%)
UE 68,4 75,0
Belgique 67,2 73,2

Deux observations :

● les objectifs définis par la Stratégie Europe 2020 semblent globalement hors d’atteinte en Belgique ;

● l’Europe n’a pas mis en place, en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, des procédures aussi coercitives qu’en matière de trajectoires budgétaires ; quand on voit l’importance et la rigueur de l’appareil institutionnel mis en place pour encadrer les politiques budgétaires (Traités, Directives, reportages et monitorings) et l’absence de tels dispositifs pour la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale on a du mal de penser que l’Europe est vraiment déterminée à atteindre les objectifs qu’elle s’est donnés.

Stratégie Europe 2020 : les indicateurs pour la Belgique et ses régions

Quatre observations en ce qui concerne les mêmes indicateurs et objectifs pour les 3 régions belges :

● les données régionales pour ce qui concerne les personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ne sont plus publiées (dernières données disponibles = 2011 ) ; on peut néanmoins estimer qu’il y a en Wallonie entre 850.000 et 950.000 personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ;

● contrairement à d’autres domaines de l’action politique, en particulier en matière de trajectoires budgétaires, il n’y a pas d’accord inter-régional sur le « partage » des « efforts » à faire pour atteindre les objectifs nationaux de la Stratégie Europe 2020 ; les régions ne se sont même pas donné des objectifs propres ;

● on voit mal comment, au vu des tendances passées et de ce que l’on sait des tendances en cours, comment la Belgique et les 3 régions pourraient atteindre l’objectif de réduction du nombre de personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en phase avec l’objectif européen ;

● pour ce qui est des indicateurs relatifs aux études et au taux d’emploi des 20-64 ans la Wallonie est très éloignée des objectifs nationaux correspondants ; européen (moins 18% environ entre 2008 et 2020).

Passer à l’action

Se doter d’un appareil statistique digne de ce nom pour définir et accompagner la mise en Å“uvre d’un plan régional de lutte contre la misère ne sera pas chose aisée.

Mais se doter d’un appareil de statistique digne de ce nom n’a de sens que s’il y a un plan de lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la précarité et si existe la volonté de fixer des objectifs à atteindre dans un délai donné.

A ce stade, la Wallonie ne s’est donné aucun objectif chiffré en matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Et la partie de la Déclaration de politique régionale consacrée à la Cohésion sociale n’en contient pas. C’est donc par là qu’il faut commencer. Je propose à cet égard de définir

● des objectifs semblables à ceux de la stratégie Europe 2020 (par exemple moins 18% pour le nombre de risque de pauvreté ou d’exclusion entre 2008 et 2020) ; il est bien sûr souhaitable, d’étendre ces objectifs à des catégories spécifiques (par exemple les enfants, les jeunes ou les âgés) ;

● des objectifs dans des domaines connexes mais non explicitement abordés par la Stratégie Europe 2020 ; je pense, par exemple, à des objectifs en matière de diminution de la charge des loyers dans le budget des ménages pauvres, de réduction des différences entre CPAS en matière d’aides diverses (santé, études…), d’augmentation du taux d’accès mais surtout de réussite dans l’enseignement supérieur de jeunes en difficultés, etc. ; ces objectifs complémentaires devront être définis dans une démarche participative.

Dans le cadre de la perspective ainsi tracée, il faut commencer par mobiliser les moyens nécessaires pour améliorer la qualité statistique des indicateurs SILC (Statistics on Income and Living Conditions) dont la qualité est médiocre au niveau régional.

Mais la Wallonie ne peut en rester là. La note de l’IDD propose que la Wallonie étende son ambition statistique dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Les actions proposées :

● Compléter les indicateurs relatifs à la privation matérielle par des indicateurs de privation de l’accès à des richesses immatérielles (capital social, accès à la culture…).

● Exploiter mieux et plus complètement les banques de données « institutionnelles » comme celles du SPP Intégration sociale, du SPF Finances (les statistiques fiscales), de l’ONEM, de l’ONSS…

● Explorer et traiter des banques de données peu ou pas du tout exploitées à ce jour et susceptibles d’éclairer l’évolution des phénomènes de pauvreté, de précarité et d’exclusion. Exemples : données de l’enquête PISA (OCDE), données dont disposent les Sociétés de logement de service public (SLSP), données concernant les baux à loyer (SPF Finances) ou encore du SPF Justice en matière d’expulsions judiciaires décidées par les juges de paix.

● Structurer, publier et analyser les données disponibles – à peu de frais – sur le terrain (1ère ligne) comme dans les Relais sociaux, les CPAS, les services sociaux associatifs, les maisons d’accueil (via l’Association des Maisons d’Accueil), les CISP (Centre d’insertion socioprofessionnelle), etc. Il s’agit de ce qu’on pourrait appeler des statistiques « grises » à « blanchir ».

● Systématiser à intervalle régulier et généraliser des études sur les facteurs explicatifs de la réussite dans l’enseignement supérieur ou les études du FOREM sur les parcours d’insertion professionnelle des jeunes.

● Calculer à intervalle régulier les besoins objectivables pour mener une vie conforme à la dignité humaine. Il faut évidemment que cette démarche soit participative pour construire des budgets quotidiens qui ont du sens par rapport aux réalités vécues par les ménages pauvres.

● Humaniser un peu les statistiques par des récits de vie/de parcours de vie. Des travaux de cette nature ont déjà été menées en Wallonie. Mais la piste proposée ici est de suivre des personnes/ménages en pauvreté sur plusieurs années pour voir comment le contexte évolue et influence les parcours de vie.

Les démarches proposées ici ont un triple objectif :

● Mieux connaître diverses dimensions de la pauvreté et/ou de l’exclusion.

● Mieux connaître les réalités spécifiques à certaines catégories de personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

● Construire des indicateurs « précurseurs » permettant de détecter plus vite les évolutions des indicateurs de la Stratégie Europe 2020, ceux-ci ayant toujours au moins une ou deux années de retard, voire de détecter la montée en phase de nouvelles réalités et réponses.

Il est essentiel de

● élaborer le tableau de bord statistique proposé ici en étroite concertation avec les associations de lutte contre la pauvreté

● mettre ces données à disposition de tous les citoyens, de manière facile, via un site bien conçu ; cette plate-forme pourrait se construire dans une démarche collaborative.

La voie esquissée ici est ambitieuse, certes. Mais il faut oser. Oser parler de pauvreté, montrer la diversité des situations vécues, casser les idées préconçues et, mieux encore, lutter contre une conscientisation insuffisante, lacunaire.

Les orientations avancées ci-dessous sont des propositions, à discuter. Mais la mise en Å“uvre de ces propositions et/ou d’autres requiert une volonté forte et durable qui a manqué à ce jour.

Espérons que la montée de la pauvreté, de la précarité et de nombreuses formes d’exclusion créera les condition d’un sursaut en matière de lutte contre la misère, ce qui passe inévitablement par la fixation d’objectifs ambitieux. Un appareil statistique n’est qu’une condition nécessaire ; elle n’est en aucun cas suffisante pour mettre en place une telle politique.

Plus de données et d’exemples dans la note jointe.

Philippe Defeyt

La crise n’a pas entamé la générosité des belges

octobre 31st, 2014

Introduction

En 2010 l’Institut pour un Développement Durable publiait une note présentant des « Indicateurs de la générosité des belges ». La présente note a pour objet d’actualiser certains indicateurs financiers.

L’introduction de l’étude de 2010 garde toute sa pertinence : « On peut être généreux d’innombrables manières : faire un cadeau exceptionnel à ses enfants, transporter un voisin âgé à l’hôpital, faire un don suite à une catastrophe humanitaire, acheter du chocolat pour soutenir une association, payer pour des animations dans le cadre d’une fancy-fair, participer à une soirée de mécènes, mettre ses compétences à la disposition d’un comité de parents, assurer une permanence pour un Groupement d’Achat Solidaire, participer à l’animation d’un quartier ou d’une paroisse, visiter des malades, des personnes âgées ou des détenu(e)s, etc. On peut aussi l’être plus ou moins dans la manière d’exercer son métier. »

Dans ce contexte la présente note s’intéresse à deux indicateurs majeurs, mais non exhaustifs, de la générosité financière, à savoir les statistiques des libéralités fiscales et les statistiques collectées par des ASBL qui collationnent les dons aux principales ONG belges de coopération au développement.

On notera qu’en l’absence d’une étude récente sur l’affectation du temps des belges il n’est pas possible d’actualiser les données sur la générosité en « temps donné ». Dommage…

Les libéralités fiscales

« Depuis le 1er janvier 2011, les libéralités doivent atteindre au moins 40 euros pour être fiscalement déductibles. Seuls les dons faits à des organismes habilités à délivrer des attestations fiscales sont déductibles. L’augmentation du montant minimum (qui était précédemment de 30 €) résulte de l’indexation du montant de base.

Lorsque vous faites un don, il vous est possible, à certaines conditions, de le déduire de vos impôts sur le revenu. (…) votre don doit être d’au moins 40 euros par institution et par an. (…) Vous ne devez pas forcément verser 40 euros en une fois, les paiements peuvent être étalés sur l’ensemble de l’année civile. »

Chaque don rencontrant ces conditions donne droit à une réduction fiscale égale à 45%. Autrement dit si vous donnez 100€, le fisc vous en « rembourse » 45.

Les libéralités fiscales dans la durée

L’évolution des libéralités fiscales montre que

  • le maximum historique a été atteint en 2012 avec un total de 174 millions (aux prix de 2014)
  • les trois dernières années pour lesquelles on dispose de données sont des crus exceptionnels, en particulier pour 2010 et 2012, malgré la crise économique qui a débuté en 2008
  • même s’il est difficile d’isoler les différents facteurs explicatifs de ces évolutions on peut penser que, contrairement aux craintes exprimées à l’époque, le relèvement en 2011 de 30 à 40 € par an du minimum de libéralités pour bénéficier de l’avantage fiscal n’a pas eu d’effet négatif sur les dons
  • si la tendance générale est à l’augmentation, les libéralités fiscales connaissent d’importantes fluctuations à la hausse – liées à des événements exceptionnels comme le tsunami de fin 2004, avec hausse des dons en 2005, ou le tremblement de terre en Haïti en 2010 – suivies d’un recul.

Au vu de la corrélation élevée et significative qui existe entre les évolutions des montants des libéralités fiscales et des dons comptabilisés par le consortium ong.livre-ouvert qui publie les dons faits aux ONG belges de coopération au développement, on peut penser que les libéralités fiscales seront encore orientées à la hausse entre 2012 et 2013. Les dons faits à ces ONG ont en effet augmenté de 9% entre 2012 et 2013.

Sur le long terme (période 1995-2012), la croissance des libéralités fiscales dépasse celle du revenu disponible total des ménages. Les performances de 2010 à 1012 sont d’autant plus remarquables que le revenu disponible réel des ménages est alors en recul.

Par contre, sur le long terme la libéralité moyenne par contribuable donateur tend à décroître, passant d’environ 300 € à 230 €.

Au cours des années récentes on constate que libéralité moyenne et pourcentage de contribuables donateurs évoluent de manière opposée : la libéralité moyenne diminue quand le nombre de donateurs augmente et inversement.

Les observations ci-dessus confirment l’analyse faite par l’Institut ITINERA pour le compte de la Fondation Roi Baudouin : « L’Index de Philanthropie souligne (…) que la philanthropie se trouve les dernières années dans une spirale ascendante. »

Les libéralités fiscales en fonction du niveau du revenu imposable

La proportion de contribuables donateurs augmente avec le niveau du revenu imposable. Mais même au-delà du million de revenu imposable la proportion est inférieure à 60% ! Mais peut-être ces riches sont-ils généreux autrement, par exemple en créant des fondations.

Par contre, le don moyen n’augmente pas dans de mêmes proportions. En effet, la libéralité moyenne par contribuable donateur se situe aux environs de 250 € pour toutes les tranches de revenu imposable situées entre 10.000 € et 75.000 €. Elle passe à un peu plus de 500 € pour la tranche de revenu imposable situé entre 150 et 250 mille €. La libéralité moyenne est de 1.359 € pour la tranche de revenu imposable entre 250.000 € et un million et de 5.923 € au-delà du million €.

Tenant compte des deux évolutions, on ne s’étonnera pas que la libéralité représente un pourcentage décroissant du revenu disponible : on passe d’environ 2,3% pour la tranche de revenu imposable de 5.000 à 10.000 € à environ 0,4% (!) pour la tranche de revenu imposable supérieur à un million €.

En guise de conclusion

Au total:

  • on doit se réjouir que la crise semble ne pas avoir affecté la générosité (financière) des belges, même si au cours des années récentes elle a été stimulée par des événements dramatiques, ce qui ne garantit pas nécessairement une générosité durablement élevée ;
  • entre 2010 et 2012 on assiste à une réduction de la proportion de contribuables donateurs ; effet de la crise qui réduit peu ou prou le groupe des donateurs potentiels à ceux qui n’ont pas été affectés par la crise, je ne sais pas, mais l’hypothèse mérite je pense d’être testée ;
  • même si des efforts sont entrepris pour les combler on doit constater les nombreuses lacunes statistiques concernant la générosité, les deux principales étant :

> pas d’enquête récente sur le volontariat, qui est un don en temps

> peu d’enquêtes approfondies sur les motivations et les comportements des donateurs (potentiels).

Dommage.

Philippe Defeyt

Voir la note jointe pour plus de détails.

Retarder (encore une fois) l’âge de départ (effectif) à la retraite ? ou Racontez, racontez de (belles) histoires, il en restera toujours quelque chose

août 28th, 2014

Parmi les principales mesures pour assurer la viabilité à long terme des régimes de pension figure en bonne place un « relèvement des conditions d’âge et de carrière de la pension de retraite anticipée » pour reprendre le libellé utilisé par le Bureau fédéral du Plan dans une étude de 2013.

C’est un euphémisme de dire que ce genre de réforme ne suscite pas un enthousiasme délirant auprès d’une grande majorité des travailleurs et électeurs.

La présentation habituelle de ce genre de mesures apparaît se baser sur un raisonnement socio-économique imparable. Pour faire court : l’augmentation de l’espérance de vie doit forcément s’accompagner d’un allongement de la durée de la carrière ; et si la carrière s’allonge on cotisera plus longtemps ce qui permettra de contribuer à sauver les régimes de pensions dont l’équilibre budgétaire est menacé par le vieillissement démographique.

Le « bon sens »Â intuitif soulève immédiatement l’objection suivante : oui, d’accord, mais si les travailleurs âgés travaillent plus longtemps cela se fera forcément au détriment des demandeurs d’emploi inoccupés, en particulier des jeunes.

A cela les (ou plutôt des) économistes répondent en général deux choses :

  1. Les compétences ne sont pas nécessairement interchangeables entre travailleurs âgés et travailleurs jeunes. Retirer des travailleurs âgés de l’activité réduirait donc la compétitivité et le potentiel de croissance et donc de création nette d’emplois.
  2. Le PIB et le taux d’emploi sont à terme supposés s’élever au-dessus de ce qu’ils auraient été sans ce type de mesures, allégeant la charge budgétaire du vieillissement. Donc, le (taux d’) emploi diminue et le (taux de) chômage (des jeunes et moins jeunes) augmente peut-être à court-moyen terme mais pas à moyen-long terme.

A l’appui de cette vision, on met souvent en avant des graphiques qui montrent qu’il n’y a pas nécessairement opposition entre l’emploi des aînés et l’emploi des jeunes. Ou encore, des pays avec un haut taux d’emploi des aînés peuvent aussi avoir un taux de chômage des jeunes peu élevé. Contre exemple : la Belgique a eu longtemps de nombreux départs anticipés à la (pré)retraite et a malgré tout un taux de chômage élevé chez les 15-24 ans.

La dernière note de l’Institut pour un Développement Durable a pour ambition d’éclairer ce débat. Les intentions supposées de la possible future coalition « suédoise » en matière d’âge de la pension rendent ce débat d’autant plus d’actualité, mais encore faut-il qu’il repose sur des faits et analyses solides.

La variable centrale : la performance globale en matière d’emploi

Une analyse approfondie des taux d’emploi par catégorie d’âge pour 29 pays européens montre en fait que les taux d’emploi des jeunes et moins jeunes travailleurs semblent fortement influencées par la performance de chaque pays en matière de taux d’emploi global.

Il est aisément compréhensible qu’un marché du travail dynamique profite à ses différents segments, avec, bien sûr, des variations entre pays en fonction de la structure démographique globale et par secteur économique et des spécificités en matière d’enseignement (importance relative des filières de formation en alternance, taux de participation à l’enseignement supérieur…), de fin de carrière et de travail à temps partiel.

Cette observation est confortée par les évolutions de moyen terme (2000-2013) pour les mêmes pays.

Certes, on pourrait rétorquer que, grâce aux mesures qui ont été prises dans beaucoup de pays pour retarder l’âge de départ (effectif) à la (pré)retraite, c’est l’augmentation du nombre de seniors maintenus ou remis à l’emploi qui participe (largement) à l’augmentation du taux d’emploi global. Je pense qu’il n’en n’est rien parce que, dans la majorité des pays considérés, ce sont les évolutions socio-démographiques qui jouent un rôle prépondérant dans l’augmentation du taux d’emploi des aînés, plus que les mesures discrétionnaires prises au cours des années en matière de pensions : la force de travail vieillit et arrivent au-delà de 50 ans les femmes qui sont entrées massivement sur le marché du travail au cours des décennies précédentes ; si les circonstances économiques sont favorables, ces travailleurs désormais âgés de plus de 50 ans gardent leur emploi (ou, plus rarement, en retrouvent un).

Allonger la carrière : les enseignements d’une étude du Bureau fédéral du Plan

La note de l’Institut pour un Développement Durable se poursuit par une analyse des principaux résultats de l’étude du Bureau fédéral du Plan déjà citée : « La soutenabilité de la protection sociale ».

Pour aller à l’essentiel, le type d’allongement de la carrière simulée par le Bureau fédéral du Plan aboutit aux résultats suivants :

  • à court-moyen terme le taux d’emploi des 15-55 ans diminue et le taux de chômage augmente suite à l’allongement de la carrière des aînés
  • à moyen-long terme on pense que le taux de chômage revient à son niveau « structurel » donné par la projection de référence (en l’occurrence, dans cette étude, 8%)
  • l’augmentation de la population active est supposé induire progressivement une augmentation de l’emploi et de la croissance.

L’ensemble des effets induits de la mise en place d’une politique d’allongement de la carrière conduit à terme à soulager la facture du vieillissement d’environ 1 point de pourcentage de PIB.

Ce genre de projections pose deux questions fondamentales :

  1. Rappelons d’abord qu’il ne s’agit pas à proprement parler de projections de « comportements » faites sur base d’équations dont les coefficients ont été estimés sur des données passées. De toute manière les politiques simulées s’écartent tellement de ce qui a été fait ou observé dans le passé que chercher à estimer des « comportements » serait vain. Beaucoup de paramètres sont en fait « injectés » (exemples : gains de productivité, retour au taux de chômage structurel, durée estimée de ce retour…).
  2. Cette projection et d’autres, semblables, sont, d’une manière générale, basées sur de purs modèles d’offre de long terme où le taux de chômage évolue toujours « spontanément » et « naturellement » in fine vers son fameux taux « d’équilibre de long terme ».

Le Rapport annuel 2011 du Comité d’étude dit des choses semblables, mais en y ajoutant un intéressant caveat.  « maintenir inchangée l’hypothèse de taux de chômage structurel de long terme est certes une hypothèse forte, mais les méthodologies actuellement disponibles ne permettent pas d’envisager une alternative. »

On notera ici quatre points :

  1. Alors que – à court-moyen terme en tout cas – l’unique ou le principal effet de l’allongement de la carrière, en tout cas tel que simulé dans un exercice exploratoire du Bureau fédéral du Plan commentée ci-dessus, découle de la diminution d’environ 160.000 du nombre de retraités, l’essentiel de l’analyse porte sur les effets – supposés – de cet allongement sur le marché du travail. On parle beaucoup d’une éventuelle cerise en commentant au minimum la taille et le goût du gâteau.
  2. Si l’on regarde de plus près les évolutions supposées sur le marché du travail, peut-on faire un pari sur l’équilibre de moyen-long terme sur base de la simple assertion qu’il est « communément admis » qu’il y a un taux de chômage structurel d’équilibre ?
  3. Il faut éviter toute confusion entre la main-d’œuvre occupée et la main-d’œuvre potentielle donnée par la population active. J’ai beau réfléchir et lire, le mécanisme (éventuel) qui transforme de la main-d’œuvre potentielle en main-d’œuvre effectivement occupée m’apparaît quelque peu magique.
  4. L’approche macroéconomique et paramétrique utilisée dans ce genre de « simulations » tient-elle suffisamment compte des différences entre secteurs et entre entreprises, notamment en matière de structure d’âge et de remplacement ou non des départs à la retraite, des évolutions socio-démographiques importantes en matière de taux de participation à l’enseignement supérieur, les évolutions structurelles en matière de travail à temps partiel, etc., etc., toutes réalités susceptibles de faire varier les impacts globaux et par catégorie d’âge de ce genre de réformes et sur l’équilibre des finances publiques ? Peut-on par exemple penser que le nombre de chômeurs âgés n’augmentera pas plus que supposé par le Bureau fédéral du Plan au vu de l’accélération des changements économiques et technologiques.

Et alors ? Prenons de la hauteur !

Il est évidemment hors de propos de nier les effets socio-économiques et budgétaires du vieillissement socio-démographique. Mais, plus que tout, je crains un débat sur les nécessaires mesures à prendre réduit à des scénarios ou « creux » ou au contraire très ciblés mais « emballés » ou encore très hypothétiques, avec une absence de vision sociétale globale.

Rappelons d’abord que le Conseil européen a, en 2001 à Stockholm, défini une stratégie en trois axes pour faire face à la charge budgétaire du vieillissement socio-démographique :

  1. Le préfinancement, en fait une politique du poids de la dette publique et le dégagement d’un solde primaire positif.
  2. Des réformes structurelles de soutien à la croissance économique (via une augmentation des gains de productivité et du taux d’emploi).
  3. Des mesures qui diminuent les dépenses de pension (par rapport à ce qu’elles auraient été dans un scénario de référence).

Trois catégories de mesures – prises isolément ou combinées – peuvent réduire les dépenses de pension :

  1. Diminuer le nombre de pensionnés, en tablant sur le constat que, toutes choses égales par ailleurs, le volume des pensions économisées est plus élevé que l’augmentation des autres dépenses sociales (invalidité et chômage principalement).
  2. Diminuer le niveau moyen des pensions payées.
  3. Prévoir des liaisons au bien-être moins « généreuses ».

Dans cette perspective, j’appelle des scénarios « creux » des scénarios d’augmentation du taux de croissance et du taux d’emploi qui ne précisent pas les mesures prises pour arriver à un tel résultat.

J’appelle des scénarios « emballés » des scénarios qui ne mettent pas l’accent, dans leur présentation en tout cas, sur les véritables enjeux. Les résultats budgétaires des scénarios d’allongement effectif de la carrière professionnelle dépendent beaucoup plus, voire exclusivement à court-moyen terme, d’une importante diminution du nombre de pensionnés que de l’augmentation du taux d’emploi des seniors.

Je ne pense pas que je réussirai à convaincre ceux qui pensent qu’un nouveau durcissement en matière de conditions pour partir à la (pré)retraite est une des deux options fondamentales qui subsistent pour « sauver le système de pensions » (l’autre est la diminution des pensions versées à l’avenir aux statutaires dans le secteur public).

Essayons quand même, sur base des considérations suivantes :

  1. Il y a un consensus – mais souvent mis sous le boisseau – chez les économistes pour constater que tout durcissement des conditions pour partir à la (pré)retraite a, à court-moyen terme, pour effets :
  • une augmentation du nombre absolu de chômeurs pour de longues années et, en tout cas en début de période, du taux de chômage
  • une baisse du taux d’emploi des moins de 55 ans (probablement plus marquée pour les plus jeunes).

L’évidence microéconomique va dans le même sens.

Si malgré tout il y a une majorité pour mettre en place ce genre de mesure essayons au moins de ne pas cacher à la population et aux jeunes en particulier ces conséquences peu excitantes et peu mobilisatrices.

  1. Il est évident qu’augmenter le taux d’emploi peut avoir un effet positif sur l’équilibre des comptes de la sécurité sociale et de l’Etat de manière globale, mais à trois conditions souvent oubliées :
  • ce qui compte pour l’équilibre des comptes publics c’est le taux d’emploi en équivalents temps-plein
  • le salaire horaire moyen, toutes catégories d’âge confondues, ne doit pas baisser (toutes choses égales par ailleurs)
  • l’augmentation du taux d’emploi ne doit pas se faire au travers de mesures coûteuses pour les finances publiques, comme certains dispositifs déjà utilisés (notamment à cause des effets d’aubaine ou parce que le coût brut de certains emplois supplémentaires est supérieur aux recettes (para)fiscales qu’ils génèrent, directement et indirectement).
  1. C’est peu dire que les effets d’offre et le retour à un taux de chômage structurel d’équilibre – supposés prendre place à moyen-long – sont tout sauf sûrs et quand bien même ils seraient vérifiés il y a une incertitude sur la durée du processus. Il est assez interpellant de constater l’importance des incertitudes théoriques et empiriques dans ce domaine.
  2. Si le principal objectif est d’augmenter le taux d’emploi , l’allongement de la carrière « pur et dur » est-il la seule piste pour ce faire ? N’y a-t-il vraiment pas des pistes socialement moins coûteuses ? En effet, allonger la carrière n’a que des effets tout à fait incertains sur le moyen-long terme, ne résout pas la question de la transmission des savoirs et compétences à de plus jeunes travailleurs (puisqu’il ne sont pas là…) ; à suivre ce raisonnement il faudrait garder très longtemps occupés certains travailleurs et réduit les possibilités pour les jeunes seniors de rendre de nombreux services non monétairement valorisés mais qui fluidifient les différents temps des jeunes parents au travail et qui participent donc indirectement à leur productivité ; beaucoup de ces jeunes seniors s’occupent aussi des aînés, réduisant ainsi la charge sociétale.
  3. Cela ne vaudrait-il pas la peine d’explorer d’autres voies, isolément ou ensemble, qui peuvent servir de complément ou d’alternatives aux choix politiques en général avancés en matière de pensions ? :
  • généraliser des systèmes comme les congés d’âge dont bénéficie le personnel soignant des hôpitaux et maisons de repos et de soins ou encore le Plan Tandem dont bénéficient notamment en Wallonie les travailleurs des services de l’intégration des personnes handicapées ; ces deux systèmes ont pour caractéristiques communes d’alléger les fins de carrière dans des secteurs où la charge psychologique et/ou physique est souvent lourde (tout en maintenant les personnes âgées occupées) et de prévoir une embauche compensatoire ;
  • faciliter le remplacement de travailleurs absents (maladies, congés…) par d’anciens collègues jeunes pensionnés ou mobiliser ceux-ci lors de pointes de production ;
  • si l’option de retarder l’âge effectif de départ à la retraite était malgré tout retenue, peut-être pourrait-on imaginer de mettre en place simultanément :

1. Un plan d’épargne-pension complémentaire dont les points accumulés (pour s’inscrire dans la logique intéressante de la Commission pensions) pourraient, le moment venu, en fonction des circonstances, être transformés soit en une augmentation de la pension tout au long de la retraite soit à une pension anticipée.

2. Un nouveau contrat sociétal en matière de répartition du temps de travail tout au long de la vie. Les formules de compte d’épargne-temps recèlent à cet égard un important potentiel.

  • structurer un plan de relance, massif et concerté au niveau européen, autour de trois axes

1. Une diminution forte des charges (para)fiscales qui pèsent sur les services financée par une augmentation d’autres prélèvements obligatoires, dont la fiscalité sur les biens de consommation autres qu’alimentaires.

2. Un plan d’investissements massifs dans la transition énergétique et l’augmentation quantitative et l’amélioration qualitative du parc de logements. Un tel plan peut avoir de nombreux impacts positifs, notamment sur : la capacité d’épargne des ménages vieillissants (dès lors que leur niveau de vie serait amélioré par une moindre consommation énergétique et une pression à la baisse sur les coûts du logement), une moindre demande pour augmenter les pensions (dès lors que deux consommations basiques coûteraient moins cher), la lutte contre la précarité (pour les mêmes raisons) et le taux d’emploi global.

3. Un plan d’investissements massifs dans la remise en ordre et la modernisation de nos infrastructures (écoles, hôpitaux, routes…).

  • sans oublier, d’une manière générale, des politiques budgétaires et d’harmonisation sociale, fiscale et environnementale plus favorables à l’emploi qu’elles ne le sont aujourd’hui .

Plus que de projections socio-économiques finalement assez frustres, même si elles alimentent et cadrent le débat sur les pensions, je pense profondément que ce dont nous avons besoin c’est d’un débat sur le bien-être. Un bien-être durable, plus équitablement partagé, qui ne sacrifie pas certaines catégories d’âge (actifs et pensionnés) au bénéfice d’impératifs budgétaires qui peuvent être satisfaits autrement.

La manière dont s’est structuré le débat sur les pensions en Belgique enferme plus qu’il ne libère les projets et les débats.

Qu’on ne s’y méprenne pas : « there is no free lunch ». Mais tant qu’à consentir des efforts inscrivons les dans une perspective plus mobilisatrice que les seuls équilibres budgétaires.

Plus de données, graphiques, analyses et commentaires dans la note jointe. Ses deux annexes sont disponibles sur simple demande.

Philippe Defeyt